Trouver la vérité demande de poser des questions

Ce n'était pas si souvent que Charles acceptait de faire un long voyage pour aider un ami. Il n'aimait pas l'avion, il détestait la poudre de cheminette qui salissait sa veste et les portoloin lui donnaient la nausée. C’était pour cette raison qu'il voyageait principalement en train malgré ses pouvoirs magiques. Il lui arrivait tout de même de prendre l'avion lorsque les destinations étaient lointaines et qu'il était vraiment motivé pour le faire, mais ça restait exceptionnel et si jamais il allait jusqu'à emprunter un moyen de transport sorcier, à l'exception, très occasionnellement, c’était un balai.

Mais cette fois, il s'agissait d'un ami très proche, qui vivait en Espagne et qui se retrouvait confronté à quelque chose de particulièrement épineux pour lui. Un de ses amis était impliqué dans une mort suspecte et il semblait être le coupable idéal aux yeux des autorités. Mais voilà, son ami était persuadé qu'il était innocent. Charles l'avait averti. Il ne s'intéressait qu'à la vérité et si son ami était coupable, il n'essaierait pas de le sauver outre mesure. Son vieil ami était persuadé de l'innocence de ce suspect idéal, et il avait surtout une confiance aveugle en la capacité de Charles de découvrir la vérité, quoi qu'elle puisse être.

Charles en était flatté, même si ça n'avait rien d'étonnant pour lui. Il était même persuadé que c'était l'entière vérité. Toutefois, il n'aurait jamais reconnu à quel point il suffisait de le brosser dans le sens du poil, tout en lui proposant quelque chose de mystérieux ou d'impossible ou presque à établir pour être à peu près sûr qu'il allait accepter. Il fut enchanté de découvrir son vieil ami à la porte de la zone de débarquement de l'avion. Il se précipita aussitôt pour être comme on le faisait en Belgique. La plupart de ses proches étaient habitués à son enthousiasme naturel quand ils se retrouvaient.

« Mon ami, mon ami ! Comme je suis heureux de vous revoir ! Il va falloir me raconter toutes les dernières nouvelles depuis que nous ne nous sommes vus. »

Il n'allait certes pas tarder à se mettre au travail. Quand il était sur une affaire, il n'y avait rien de plus important que cela. Mais quitte à faire un si long voyage pour participer à une enquête, c'était le moment de se retrouver avec un vieil ami qu'on n'avait pas vu depuis longtemps. Pour le moment, il alla déposer ses affaires à l'hôtel où il avait décidé de s'installer et pendant qu'ils y allaient, il se fit raconter toute l'affaire. C’était une affaire sordide qui n'était pas vraiment digne de lui, par nature. Cependant, l'implication de son vieil ami rendait la chose moins évidente.

La personne que l'on accusait d'avoir commis ce crime était un sorcier. Il était la dernière personne à avoir vu la victime vivante, pour ce qu'on en savait et il s'avérait qu'ils avaient tous les deux un intérêt pour la même jeune fille. Cela dit, comme le fit remarquer son ami à Charles, la demoiselle avait choisi le suspect et il y avait donc peu de logique pour qu'il soit allé le tuer dans son salon de tatouage. Si l'individu était venu lui chercher des noises, les choses se seraient produites chez lui et il n'avait pas la force pour le transporter ailleurs. Pourtant, des témoins affirmait l'avoir vu s'enfuir de la scène du crime et il fallait reconnaître que ses empreintes avaient été retrouvées un peu partout. La brigade magique espagnole n'avait seulement pas chercher plus loin un autre candidat. Selon son ami et malgré le fait qu'il soit extrêmement soupçonné, il n'avait pas encore été arrêté officiellement et ce fut donc chez lui que Charles rencontra le suspect.

Il lui était difficile de dire après un seul entretien si l'individu était vraiment coupable. Mais il n'était sûr de rien et il tenait à enquêter sur les autres possibilités, notamment une personne que les policiers n'avaient pas jugé bon de suspecter. Sa principale activité était apparemment de faire des tatouages et parce qu'il était sorcier, ceux-ci pouvaient être animés et représenter des choses que les tatoueurs moldus ne pouvaient pas faire. A priori, il avait du caractère et il se trouvait qu'il s'en était pris à la victime quelques heures avant sa mort. Charles était bien placé pour savoir que ça pouvait ne rien vouloir dire mais il avait clairement menacé, et même s’il n'était pas d'avis que quelqu'un doive être puni simplement parce qu'il avait une grande gueule, le seul moyen de savoir la vérité, c'était d'aller l'interroger.

Non seulement il avait visiblement eu des choses à lui reprocher verbalement, mais il était probablement considéré comme un concurrent. Il y avait donc toutes les possibilités que cette personne soit réellement impliquée. Cependant, quand il frappa à la porte, ce fut sans à priori préalable. Il ne voulait pas se laisser influencer par ce que les apparences semblaient montrer. Pour bien utiliser ses petites cellules grises, il ne fallait surtout pas se laisser influencer par des avis ou des situations qui n'était pas objectifs.

« Monsieur Sharma ? Je suis Charles de Clerc et j'aurai quelques questions à vous poser. Puis-je entrer ? »