Et donc c'est censé être vert, ou peut-être pas en fait, mais il me les faut [ft. Clematis]

- "Puisque je vous dis qu'il nous faut absolument des specimens de cette espèce pour les examens de fin d'année !"

- "Et puisque je vous dis que sans le nom de votre fichu specimen je ne peux pas vous l'inventer !"

- "Combien de fois il faut vous le répéter ? C'est justement parce que c'est une plante hybride qui n'est pas encore fixée que personne ne lui a donné de nom. Et c'est exactement pour cette raison qu'il me les faut !"

- "Alors quoi ? Qu'est-ce que vous voulez que j'en fasse de vos espèces hybrides pas fixées ?"

- "Il me les faut. C'est vous le directeur non ? Vous allez bien trouver une solution !"

Satané cours de botanique. Dire que Theophile n'y a jamais rien pipé quand il était encore étudiant entre ces murs, il faut qu'on continue à l'emmerder avec ces considérations qui le dépassent, et de loin.
Mais le professeur excédé, qui quitte son bureau non sans claquer la porte, a au moins raison sur un point. Il est le directeur, c'est à lui de s'assurer que les examens de fin d'année soient à la hauteur des attentes d'il ne sait trop quoi (ne lui en demandons pas trop non plus). Alors, il fait ce qu'il fait le mieux. Bouger.

Bon, le seul indice qu'a consenti à lui laisser son vénérable collègue (c'est vrai qu'il est sacrément âgé, pourvu qu'il ne commence pas à yoyoter de la citrouille), vient de l'endroit où survivent ses fichues plantes. Dans le grand froid.
Et bon new yorkais pure souche qu'il est, quand on dit à Theophile grand froid, il y a un lieu qui lui saute immédiatement au cerveau.

C'est donc emmitouflé dans beaucoup trop d'épaisseurs de vêtements que le directeur d'Ilrvermorny débarque au nord du contient, dans cette partie où il n'a que rarement mis les pieds. Mais il n'y va pas à l'aveuglette. Oh non, on ne dirait peut-être pas, mais il s'est un minimum renseigné. Et il se trouve que parmi tous les noms de magibotanistes du coin, il y en a un en particulier qui a retenu son attention.
Clematis De St-Clair. Un nom qui lui parle et pour cause, ce gamin est passé l'école américaine il n'y a pas si longtemps que ça (non, on ne comptera pas en nombre d'années). Et d'après ses souvenirs, il était déjà bien focus sur ses plantes.

La première bonne nouvelle, c'est que finalement, il ne fait pas siiii froid qu'il ne se l'était imaginé (il faut croire qu'ils connaissent aussi les mois ensoleillés). La deuxième bonne nouvelle, c'est que dans ces rues animées, il n'est pas bien difficile de trouver des informations. D'autant plus quand on a l'air aussi paumé qu'il l'est (non vraiment, il aurait aussi pu se renseigner sur le dress code).

Mais si Theophile a tout gardé de son côté un peu trop charmeur malgré son âge, eh bien, il préfère draguer sous les cocotiers que près des igloos (ne cassez pas trop vite ses idées préconçues). Alors tant pis pour le look catastrophique, il n'en garde pas moins un sourire resplendissant en poussant enfin la porte de la boutique qu'on lui a indiqué. Et, d'une démarche qui se veut parfaitement assurée, le voilà qui se dirige vers le comptoir, évitant de se prendre les pieds dans les racines qui dépassent du sol ou de s'empêtrer dans les nombreuses lianes qui parsèment son chemin.

- "Bonjour ! Je cherche un jeune homme du nom de Clematis De St-Clair. On m'a dit que quelqu'un pourrait me renseigner par ici. Je suis un de ses anciens professeurs, et comme je passais dans le coin, je me suis dit que ce serait l'occasion de prendre de ses nouvelles !"

D'accord, peut-être ne passe-t-il pas dans le coin tout à fait par hasard, mais a-t-il réellement besoin de le préciser ?

L'homme d'un certain âge sourit lorsqu'il fut abordé par le professeur.

- Clematis ? Il devrait justement être ici ! Il est en retard ! Il devait me livrer quelques nouvelles plantes. Il ne devrait pas tarder. Vous pouvez explorer un peu ma boutique en attendant !

Et le vieil homme bedonnant n'avait pas menti. Moins de dix minutes plus tards, la tempête rousse fit irruption dans la petite boutique. Je suis un peu essoufflé mais me précipite tout de même au comptoir avec des pots sous le bras.

- Desolé Gonzague ! Un de tes spécimens s'est avéré plus capricieux que les autres !

Je me hâte tout de même pour les poser sur son bureau, derrière le comptoir.

- Ah ! Justement celui que j'attendais ! Merci beaucoup jeune homme ! D'ailleurs, un de tes anciens profs est venu te voir pour te parler.

- Où ça ?

Et c'est à ce moment que je le vois. Mon visage affiche àlafoisde la joie et de la surprise.

- Professeur Walker !? Quelle belle surprise !

Je m'approche joyeusement en replaçant quelques cheveux s'étant dispersés dans mon empressement.

Merveilleuse nouvelle que voilà ! Theophile ne manque pas de remercier son informateur et ne se fait pas davantage prier pour explorer la boutique du bonhomme. Des plantes à perte de vue. Aux formes et couleurs variées. C'est joli, il ne peut leur enlever ce fait. En plus d'être utile (quand on sait quoi en faire, évidemment).

Heureusement, il ne faudra pas attendre très longtemps (ce n'est jamais très bon quand Theo s'ennuie) pour que celui qu'il est venu consulter ne fasse son apparition. Une entrée qu'on ne peut manquer. Ce qui a de quoi faire sourire l'américain. Oui, il aime voir autant d'entrain et d'énergie.

Il laisse donc tomber son observation d'une plante aux épines particulièrement épaisses, pour se rapprocher du comptoir où les deux hommes sont déjà en cours de discussion. Et c'est avec un sourire de toutes ses dents (à peine exagéré) que le cinquantenaire "répond" à l'annonce de sa présence. Il est d'ailleurs agréablement surpris de constater que son ancien étudiant se souvienne de sa tête (c'est qu'il n'a pas tant vieilli n'est-ce pas ?).

- "Bonjour Clematis !"

Theophile n'a jamais fait partie de ces professeurs qui s'embêtent à appeler leurs élèves par leur nom de famille, encore moins à user de quelconques formules de bienséance trop rébarbatives à son goût.

- "Eh bien, tu as l'air d'être devenu un homme sacrément occupé ! Ça fait plaisir à voir !"

Parce qu'on ne va pas se mentir, le directeur n'a pas la moindre idée de ce en quoi consiste exactement le métier qu'exerce son ancien élève. Si ce n'est qu'il est censé être l'un de ces experts en matière de végétaux de tous types.

- "Et toujours aussi passionné ! Tu... fais de la livraison ?"

Ce n'est en rien un jugement de valeur ou quoi que ce soit qui s'en rapporte. Le regard interrogateur en direction du comptoir est d'ailleurs assez révélateur. Theo essaie encore de comprendre ce que fait concrètement Clematis de ses journées. Et accessoirement, il n'a pas l'intention de lui sauter dessus avec ses questions. Eh, ce n'est pas tous les jours qu'il revoie des jeunes passés par ses cours il y a... trop longtemps.

- Oh non, pas beaucoup. J'ai commencé dans le métier en livrant des plantes, mais aujourd'hui, je ne le fais que pour certains vieux clients, dont Gonzague !

Gonzague et moi échangeons un petit sourire. Gonzague avait été mon premier client. Il m'avait prit sous son aile lorsque j'ai débuté ma carrière de magibotaniste et jamais je ne l'abandonnerais. Je lui doit beaucoup. Il m'a mit en contact avec plusieurs personnes du milieu et c'est grâce à lui si j'ai une bonne réputation dans le milieu. Je reporte mon attention sur mon interlocuteur,

- Parce que comme vous le dites si bien professeur Walker, je suis très occupé !

Je le regarde un moment et semble déceler un petit truc dans les yeux de mon ancien professeur. Il semble avoir quelque chose à me demander.

- Vous... voulez me demander quelque chose ? Ne soyez pas timide je vous écoute ! Et si c'est la boutique qui vous gêne on peut aller dans mon bureau !

J'affiche un grand sourire, mais un regard franc, cherchant à le faire se sentir à l'aise pour poser sa question. Mon bureau se trouvant dans ma serre, cela lui permettrait aussi de découvrir en profondeur mon univers, du moins s'il le souhaite !

Eh bien, on ne peut pas lui enlever qu'il a l'air serviable le Clematis. Ce qui pourrait arranger Theophile, mais ce n'est évidemment pas de cette façon qu'il raisonne. Non, lui, il est seulement heureux de constater qu'il y a décidément des sorciers très bien qui passent par Ilvermorny. Il ne lui faut pas grand chose pour être heureux.

En revanche, il ne peut cacher sa surprise à "l'invitation" de son ancien élève. C'est vrai que l'américain n'a jamais été très doué pour cacher ce qui peut bien lui passer par la tête. Mais ce n'est qu'avec un rire un peut trop franc que Theo entame sa réponse.

- "Eh bien, tu es sacrément perspicace ! J'avais effectivement une question pour toi, mais je ne voudrais surtout pas te déranger dans ton programme chargé !"

Parce que si Theophile peut sembler un peu trop envahissant par bien des aspects, il sait tout de même faire preuve d'un minimum de civisme (il a appris, avec les années). Et en l'occurrence, sa conscience lui interdit de s'imposer de la sorte (pas plus qu'il ne le fait déjà actuellement du moins).

- "Tu n'as qu'à me dire à quelle heure et où est-ce que ça t'arrange que je te rejiogne, qu'on puisse discuter tranquillement. Oh et, ce n'est rien d’extrêmement urgent, ne t'en fais pas !"

Est-ce que ça ne peut pas être un peu flippant de voir un type qui n'a plus été vu depuis des années débarquer sans prévenir et avoir quelque chose à demander ?

- "Et puis, je ne connais pas très bien le coin, je suis sûr que je trouverais de quoi m'occuper en attendant !"

Non, pour ça, il n'y a pas à s'inquiéter. Theo n'est pas du genre à s'ennuyer bien longtemps.

- Professeur, vous ne me derangez pas du tout ! Je n'ai plus aucune livraison à faire et je passe le reste de ma journée à mon bureau.

Je fais un petit signe interrogatif à Gonzague qui accepte de la tête.

- Et malheureusement, vous ne pouvez me rejoindre nulle part, car mon bureau se trouve dans ma serre et ma serre se trouve juste ici !

Je souris et vint poser ma valise au sol. Je l'ouvre, attrape l'echelle et commence à descendre dans ma valise.

- Venez !

Ma serre était immense, envahie de plantes en tout genre. La salle d'entrée était celle où j'avais mit toutes les plantes à fleurs. C'était définitivement la pièce la plus colorée et parfumée de la serre. Je trouvais que ça donnait une belle première impression. Les plafonds de verre étaient très hauts et certaines plantes grimpantes s'étaient même accrochées à la structure du toit, apportant la couleur jusqu'aux cieux.

La plupart des serres moldues que j'avais vu avaient des chemins en pierre, à même le sol. C'est bien joli, mais cela créedes sones où la pousse de plantes était impossible. Pour ma part, tous les chemins de ma serre sont des promenades de bois suspendues au-dessus du sol, un peu comme des quais. On marche donc sans nuire au sol et Certaines plantes timides pouvaient pousser ainsi sous la promenade.

- "Oh, parfait, dans ce cas, je te suis !"

On peut dire que les choses s'enchainent exceptionnellement bien. Mais il faut admettre que Theophile a toujours bénéficié de beaucoup de chance (il n'y a qu'à voir sa situation actuelle). Il remercie encore l'homme derrière son comptoir et se laisse guider par son ancien élève.

En entrant dans ladite serre (de cette façon très pratique), le directeur n'a plus de doute. Il a bien fait de venir jusqu'ici (oui, en transplanant c'est rapide, mais quand on ne connait pas le lieu d'atterrissage, c'est toujours un peu plus contraignant). Pour sûr que s'il y a bien quelqu'un qui peut l'aider à démêler les désirs incompréhensibles du vieux professeur de botanique, il est à ses côtés.

- "Ouah, vraiment cool ton bureau !"

C'est en se laissant déconcentrer par toutes ces couleurs où que se posent ses yeux que Theophile exprime son admiration. Non pas qu'il soit un grand passionné de plantes (ça ne bouge pas assez à son goût) mais il ne peut retirer que tout cet écosystème, ça fait quelque chose.

- "Et très pratique en plus de ça !"

Oui, pas besoin d'aller au bureau quand celui-ci peut nous suivre où qu'on aille.

- "Tu es originaire d'ici ? Je veux dire, tu as l'air de pouvoir t'installer n'importe où avec ta serre."

Aucunement perturbé par l'effet de hauteur (il en faut plus quand on passe déjà tout son temps libre perché sur un balai), Theo est en réalité plutôt à l'aise à suivre Clematis le long de ces passerelles suspendues qui donnent une très bonne vue d'ensemble sur toutes les plantes.
Et oui, il aime parler.