Elizabeth S.    & Geronimo

L'air désolé gravé sur ses traits, la bouche pincée en observant la demoiselle, Geronimo se retenait de soupirer, espérant que la solution proposée à la fin de son monologue puisse au moins servir un tant soit peu à la rouquine. Et l'intonation qu'elle utilisa ne sembla pas touchée par les dires du professionnel! C'était qu'il y avait un espoir alors, et la demoiselle Sparks le confirmait bel et bien. Le regard se fit alors à nouveau pétillant de curiosité, davantage encore alors que le sujet de thèse était énoncé : Au final, peut-être bien que le refuge pourrait offrir son aide à la future diplomée! Surtout avec un sujet aussi intéressant, liant les deux univers animaliers! Geronimo était fan de la problématique. Étant lui-même partagé entre les animaux et les créatures magiques il lui arrivait souvent de faire des comparaisons entre certains cas des deux groupes, surtout en terme de comportement. Davantage encore depuis qu'il était à l'ile du Paon. Il adorait de nouveaux points communs, de nouvelles choses encore à son âge -qu'il trouvait avancé mais qui ne l'était pas tant que ça. Vieux avant l'heure le Geronimo! Mais quelque part encore, se cachait une certaine fougue de la jeunesse pas encore disparue. Ça, il ne s'en rendait pas vraiment compte. Comme là, sous l'exemple du fléreur et du chat domestique : il aurait été capable de passer des nuits et des nuits (le seul moment qu'il avait pour lui) à faire des recherches aux côtés d'une parfaite inconnue tant elle avait sut titiller la curiosité sur patte qu'il était! Bon, ça n'était pas compliqué quand ça concernait bestioles, magiques ou non.

Aussi, face à l'exemple donné qu'Elizabeth se dépêcha d'expliquer, le cracmol ferma un instant ses paupières dans un hochement de tête sous l'information entendue, tentant de la rassurer sur les pensées qu'il n'avait aucunement eu. Il s'était fié au minois, et les intentions allaient de paire avec sans surprise. Puis, outre ça, il commençait à comprendre son utilité dans l'affaire, laissant son sourire s'agrandir et fur et à mesure que le cerveau accueillait le raisonnement.

Un "Oh" à l'intonnation ravie s'échappa avant qu'un second hochement plus vif ne se fasse.

"Bien sûr, j'ai tout ça." Alors il existait un bon côté à ce que les animaux du refuge n'aient pas de maître ? C'était inédit. "Vous ne pouviez pas mieux tomber, je devais faire le tri et me débarrasser de certains dossiers d'adoptés que j'ai entassé depuis des années ici. Enfin, dès que j'en aurai eu le temps." Au grand damn de la pauvre April qui blanchissait à chaque fois qu'un nouveau carton s'ajoutait. Moins dans le déni que le bordélique patron qu'elle appréciait tout de même, elle savait qu'avec le nouveau travail de Geronimo, la montagne n'allait pas diminuer de sitôt!

"Venez, tout est dans mon bureau." Qui servait plus d'endroit de stockage qu'autre chose. Mais il restait tout de même deux fauteuils et quelques photos trainant un peu de partout, sur le bois du bureau comme sur celui des étagères. Ouvrant la porte de l'arrière pour laisser passer l'étudiante, Geronimo l'invita à le suivre d'un geste. "Vous avez des animaux précis en tête ? J'en aurai sans problème sur les chiens et les chats. Il y aura sûrement des volatiles et peut-être du reptile si je ne dis pas de bêtises... Oh, concernant les fléreurs, j'ai même des scans d'un maine coon. Autant leurs différences de taille et leurs pelages de queues peuvent brouiller les pistes, autant le museau carré et les pointes de lynx m'ont déjà fait me questionner sur un lien possible entre les deux espèces! Enfin, après se pose la question sur les provenances distinctes..." Même si ça n'était que des suppositions... Après tout, le Maine Coon venait des Etats-Unis alors que le Fléreur était originaire d'Ecosse. Mais peut-être que l'un des deux avaient voyagé sur un autre continent avant de disparaitre du premier, avec une raison à cela ? Tant de mystère et donc d'excitation dans tout ça! Ouvrant une porte un peu plus loin dans le couloir, le cracmol s'y engoufra, faisant un geste silencieux à Elizabeth encore pour qu'elle ne se prive pas d'entrer. "C'est un peu encombré." Un mur entièrement caché par des piles de cartons illustrait bien le terme employé avec euphémisme.

"Autant commencer par les plus vieilles années." se dit-il à lui-même après quelques observations. Au moins, les cartons présentaient des années écrites au feutre dessus.

"Un peu de fouille ne vous fait pas peur Miss Sparks ?" Et cela, demandé alors qu'il vidait déjà une première pile pour accéder à un carton 2011, surplombé par des années bien plus proches.

Elizabeth S.    & Geronimo

Ce qui aurait pu être un moment de jugement pur et dur se transformait en moment de chasse au trésor! La demoiselle ne fit qu'éprouver une surprise positive face à tous les cartons remplis de ce qui pouvait être de véritables reliques pour elle. Oooh, Geronimo appréciait beaucoup la fougue de la petite Sparks! C'était bien dommage qu'il n'ait pas un refuge de créatures magiques à lui, il lui aurait aussitôt fait une proposition d'embauche dès qu'elle serait sortie diplomée de ses études! La seule chose qu'il pouvait demander au final, était de lire le mémoire pour voir jusqu'où sa réflexion était poussée! Vu la passion décelée chez elle, ça ne pouvait être que des recherches sérieuses, approfondies et beaucoup trop intéressantes!

"C'est parti alors!" s'enjailla le propriétaire en lui tendant un carton déniché tout en bas de sa pile désormais éparpillée. Il se garda lui-même un carton qu'il posa sur son bureau, dégageant les divers stylos et photos familiales pour faire une place à la rouquine. La vague remarque sur la date apporta un pincement au coeur de l'homme qui n'en montra pourtant rien, gardant ses commissures relevées. Il fallait rester focus sur le sujet d'aujourd'hui et non pas le passé. Quoi que, il pouvait bien encore se bercer à l'idée de lire le mémoire; Pour sûr qu'il découvrirait de nouvelles choses et tilterait sur d'autres auxquelles il avait déjà pu penser aussi, comme le maine coon, magnifique race sur laquelle Elizabeth retournait. Si ça n'avait été que de simples questionnements sur lesquels il n'avait eut le temps de se pencher, Geronimo se sentait chanceux d'entendre les choses se confirmer! Ça pétilla aussitôt dans ses yeux, figeant ses doigts qui fouinaient déjà ses premiers dossiers, riant doucement du scénario fait avec ces pauvres moldus.

"Ça serait bien notre genre. Après tout, c'est ce qu'on a fait pour les dodos, en les faisant passer comme une espèce disparue." Alors que les oiseaux à toute petite cervelle coulaient des jours paisibles chez les sorciers, avec leur faculté de disparition qu'ils n'utilisaient pas de la meilleure des manières... Retour aux fouilles presque archéologiques! Un lapin des flandres, oh, une tortue! Contrairement aux autres dossiers de son carton, celui-ci fut mis de côté, aussi bien intéressant par les radios faites pour sa carapace que pour sa ressemblance avec les crabes de feu. Mais pas le temps d'annoncer l'intérêt de ce dossier qu'il confirmait l'ancienne présence d'un terrier par son dossier.

"Oh, vous, vous vous intéressez au croups!" Etait-ce à ce point lisible de lire en la demoiselle ou bien les deux s'étaient-ils bien trouvés ? Deuxième possibilité, clairement. Il était presque sûr qu'elle pouvait faire de même avec lui. "J'ai l'impression qu'il sera plus difficile de prouver la non existence de lien entre un croup et un terrier, pour le coup. Tenez, un dossier sur une tortue, idéal pour une comparaison avec un crabe de feu, malgré le nom. Je suppose qu'une mauvaise traduction s'est faite depuis des siècles... ou qu'il y a quelque chose qui relie bel-et-bien les trois espèces. Même si je reste sceptique pour le lien avec le crabe." Tendant le dossier et reprenant ses recherches, Geronimo retourna quelques temps en arrière : "D'ailleurs, vous faites très bien de fouiner les vieux livres d'animaux moldus. Les races pures ont vu leurs physiques se modifier au cours du temps, à force de mauvais accouplements ou de recherches d'un pseudo esthétisme." Mine un peu bougonne prenant place sur la face du magizoologiste n'aimant pas que l'homme se mêle à la génétique si c'était pour créer de tels désastres chez certaines races d'animaux. "Une race que vous connaissez aujourd'hui peut avoir une morphologie bien différente de son ancêtre du siècle dernier. Trouver des liens avec nos créatures magiques sera sûrement plus évident avec de vieilles photos. C'est bien pour ça que vous vous aidez de ça, c'est ça ?"

Elizabeth S.    & Geronimo

Cette petite est beaucoup trop chouette et pourrait être sa fille spirituelle! Peut-être cette seconde partie de pensée aurait pu exister dans la caboche de Geronimo -la première existe bel-et-bien- s'il n'avait pas la chance d'être papa déjà. Point de pensées désirant une autre fille par respect et amour naturel pour Beth, mais tout de même, c'était agréable d'échanger avec une petite tête aussi bien faite et curieuse! Il avait l'impression de se revoir lui, un peu plus jeune, quand il tanait son père et sa mère avec ses nombreuses questions sur les créatures magiques qui les entouraient. Et, spoiler alert : ils étaient pas mal entourés d'elles, entre une magizoologiste et un professeur de soins aux créatures magiques... L'emplacement de la maison familiale à la campagne, perdue en pleine Bourgogne, aidait aussi pas mal la passion familiale à accueillir et s'occuper d'un bon nombreux d'animaux magiques sans avoir trop peur que des moldus ne les découvrent. Retour à l'instant présent, ou Geronimo confirmait d'un hochement de tête vigoureux la bonne piste qu'Elizabeth avait sur les croups avant de passer sur les crabes de feu, mêlant les deux rires.

"Je n'ai pas encore eu la chance d'avoir à sauver un crabe." ... en serait-il capable, de plus ? Ses études vétérinaires ne s'étaient portées que sur les animaux classiques et NAC! Jamais il n'avait pensé à se former dans le sauvetage d'animaux marins. Mais est-ce que ces dites études le formeraient assez pour sauver un animal aussi banal qu'un crabe ? Surtout quand au final, le vétérinaire se régalait bien de sa chaire. Un peu d'hypocrisie dont était conscient le brun qui préféra au final rester sur le côté humour de cet échange, ne cherchant pas à s'interroger plus longuement dessus. Autant rester sur quelque chose de concret, de la situation actuelle, comme être sur la même longueur d'onde que l'adorable rouquine vis-à-vis des nouvelles tendances des selections chez les éleveurs, privilégiant l'esthétisme aux gênes sains et à la santé des futurs nés.

"Pas de quoi l'être, je suis de la même équipe que vous. Je n'hésite plus à être rabat-joie et clamer haut et fort mon opinion sur ces sujets controversés." Il avait mis du temps à oser s'exprimer, dans le monde moldu comme dans le monde sorcier. Puis il avait fini par éclore, doucement mais sûrement, se mettant à déranger les grandes gueules peu habituées à trouver des adversaires ou du moins, surprises de voir l'ancien timide s'ouvrir ainsi. Quelques uns du monde sorcier n'avaient pas apprécié le revirement de situation, ni d'avoir soudainement des bâtons dans les roues. Ç'avait valut quelques lourds épisodes dans la vie de Geronimo mais il avait tenu bon et s'en fichait bien. Sans tout ça, jamais il n'aurait réussi à se hisser jusque là. Il savait qu'il ne pouvait que tirer de la fierté de cette prise de caractère, suite à quoi l'assurance était arrivée, petit à petit, du moins, sur le sujet des êtres vivants. "Et ne vous excusez jamais d'avoir votre opinion miss Sparks, surtout quand ça va dans le sens de la cause animale. C'est avec des personnes comme vous que l'on refait de ce monde un endroit meilleur pour les animaux et créatures magiques." La nouvelle génération ne pouvait qu'ajouter du (bon) piment pour la cause animale et si Geronimo pouvait aider certains participants à cela, ce serait avec grand plaisir.

Les échanges fusaient, de mots comme de dossiers. Des cartons s'ouvraient, se faisaient trier puis étaient refermés avant de retrouver leur place d'antan, quelques peu allégés des fois. Le bureau avait retrouvé plus ou moins son style "débordé mais rangé" d'avant, si on oubliait le tas de dossier qui n'avait cessé de grandir dans l'heure. Elizabeth Sparks offrait un grand intérêt au cracmol qui ne cessait de se retrouver toujours plus dans ses points de vue et opinions. Un véritable régal, empêchant strictement au propriétaire du refuge de voir s'écouler le temps, s'il avait eu ne serait-ce que l'envie de regarder l'heure pendant ce moment. Peut-être trop court, car après tout, la demoiselle n'avait besoin que de radios et scanners, choses qu'elle avait désormais ? La fin de ce moment d'échange ne pouvait qu'arriver.

Rangeant le dernier carton, ses mains clapèrent entre elles comme pour se dégager la poussière accumulée jusque-là. Sourire imprimé sur ses traits, il se retourna vers la future magizoologiste -il n'y avait aucun doute à avoir quant à sa réussite.

"Et bien, je crois que je vous ai donné de quoi faire pas mal d'heures supplémentaires à passer sur votre thèse. Il ne faudra pas vous oublier dans tout ça, d'accord ?" Douceur paternelle ressortant un peu pour celle qui avait le même prénom que son enfant. "Le sommeil est primordial dans un aussi gros projet. Tout comme le temps de déconnexion pour vous aérer l'esprit, même si c'est quelque chose qui vous passionne. Comme le disent ces bons vieux moldus, Rome ne s'est pas faite en un jour, n'est-ce pas ?" Tout ça ressemblait à des conseils de vieux sage les dirigeant vers la conclusion de ce moment. Pourtant, quelque chose mis de côté depuis le début de cet entretien revenait à la charge, le turlupinant. Allait-il oser demander ? Se garderait-il de lui poser une question qui pouvait sembler si personnelle au premier abord ? Il ne savait pas encore, ayant préféré rester professionnel jusque-là pour ne pas déranger la demoiselle ou l'éloigner du but initial de sa visite. Alors... S'il devait oser, l'adulte devait d'abord vérifier qu'Elizabeth avait bien toutes les cartes en main avant de dévier sur une supposition faite.

"Vous pensez avoir encore d'autres questions ? Ou des besoins quant à votre thèse ? Rien ne sera stupide ou ne me dérangera. Que ça soit maintenant ou plus tard, d'ailleurs." Bras ouverts et tendus en arrière, les mains accrochées au rebord de son bureau sur lequel il était presque assis, le regard verdoyant familial observait la jeune pousse, s'étant fait contaminer par l'intérêt de cette dernière pour son projet. Ce serait tellement génial de pouvoir être une petite souris pour l'observer lors du passage devant le grand Jury. ... Ou même devenir l'un de ces fameux juges, pour découvrir tout ce que les jeunes cerveaux d'aujourd'hui avaient à raconter!