Noël en famille

Depuis qu'elle avait été adoptée, Beth avait appris une chose, c'est qu'il n'y avait rien de plus agréable que le regard de son papa fier. Dans des instants comme celui qu’elle vivait en ce moment, il arrivait fréquemment que la jeune fille doute d'elle-même et son père ne manquait alors pas de lui rappeler à combien il la trouvait belle et à la hauteur d'un membre de sa famille. N'importe qui aurait estimé qu'il n'y avait pas de lieu d'en douter, mais la jeune fille pouvait difficilement faire autrement avec son passif. Pourtant, elle avait maintenant quelqu'un pour le lui formuler telle que la chose était.

Quand elle se regardait dans le miroir, elle continuait de voir une petite fille quelconque là où lui voyait un être à la fois mignon et doué. Beth avait compris depuis longtemps que, quoi qu'elle fasse, son père la verrait toujours de la même manière et que c'était quelque chose qu'elle devait apprendre à accepter, même si elle avait du mal à en comprendre la raison. Mais c'était quelque chose qui lui faisait du bien et maintenant qu'elle avait enfin l'impression d'avoir une famille, Geronimo aurait pu dire et faire tout ce qu'il voulait, elle aurait été d'accord.

« Merci, Papa. Je ne me sens pas vraiment parfaite, mais le plus important, c'est que je sois assez bien pour ton ami. »

C’était tellement impressionnant de se rendre compte à quel point son père comprenait à demi-mot ce qu'elle éprouvait. Elle n'avait même pas besoin de lui dire qu'elle était nerveuse pour qu'une main se pose aussitôt sur son épaule et que la voix tendre la rassure on lui affirmant qu'elle n'avait rien à craindre. Elle se laissa présenter en arrivant et fit un grand sourire à l'homme qui se trouvait devant elle. Il lui semblait un peu impressionnant de premier abord, mais elle ne pensait pas qu’il lui ferait du mal sinon ce ne serait pas un ami de son père. Elle devait reconnaître quand-même qu'elle était plus curieuse du jeune garçon qui avait son âge. Elle éclata de rire quand il lui donna du lady.

« Oh non, je suis loin d'être une lady. Tu peux m'appeler tout simplement Elizabeth, ou même Beth si tu veux. Ce sera bien suffisant. »

Il n'était jamais évident de commencer une conversation avec quelqu'un sans savoir grand-chose de lui. Même si deux enfants parvenaient rapidement à jouer ensemble en général, le premier contact n'était jamais des plus faciles. Mais Nahele trouva un moyen pour lancer rapidement la conversation. La jeune fille sourit en voyant qu'il était plutôt bien informé. Elle ne savait pas si on lui avait donné des informations pour discuter avec elle, mais ça avait dû être le cas. En ce qui la concernait, elle se rendit compte qu'elle ne savait quasiment rien au sujet de celui qui allait peut-être devenir un ami, du moins en ce qui concernait son histoire. son père lui avait tout de même mentionné quelque peu son caractère et un certain nombre de ses qualités.

« Oui, c'est ça. Je vivais en Angleterre avant. Mais Papa a décidé de déménager pour… pour la sécurité. Mais il n'a pas voulu me forcer à changer d'école. Et toi, tu as connu d'autres pays ? »

Noël en famille

Beth avait toujours été des plus humbles. Elle avait toujours appris dans sa vie qu'il n'y avait aucune raison de la considérer supérieurement aux autres et qu'elle devait elle-même se considérer comme une personne d'un intérêt inférieur qui était là pour rendre des services et pour être la personne qui était utile aux autres. Elle ne voyait donc pas pour quelles raisons elle se laisserait appeler une lady alors qu'elle n'avait rien de tel. Mais il était très mignon en lui parlant de cette façon et elle ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'elle comprenait parfaitement pourquoi son père lui était autant attaché.

« C'est parfait pour moi », dit-elle en souriant.

Depuis qu'elle avait été agressée, son père avait tendance à se montrer tout particulièrement protecteur et même si ça ne l’embêtait pas, Beth n'en profitait pas trop. Elle n'avait pas l'impression d'être une petite chose fragile et elle ne voulait surtout pas que son papa se fasse trop de soucis pour elle. Il méritait beaucoup mieux que ça. Elle le regarda avec tendresse. Elle n'avait jamais su ce que ça faisait d'avoir un papa pour la protéger et maintenant, elle le savait. Elle avait donc envie de profiter de cette sensation si agréable même si elle ne voulait pas être un poids pour lui.

« Ne t'en fais pas, Papa. Il ne va rien m'arriver avec Nahele. Toi, fais attention à toi. En général, ce sont surtout les adultes qui se retrouvent dans de sales draps », le taquina-t-elle avec un petit sourire malicieux.

Elle ne savait pas que les amis de son père avaient, eux aussi, dû se protéger et déménager pour une question de sécurité. C’était quand-même terrible de se dire qu'il y avait tellement d'endroits où des enfants de leur âge n'étaient pas en sécurité. Les enfants devraient toujours être en sécurité et protéger ou que ce soit. Il était terrible de penser que c'était assez peu souvent le cas dans un certain nombre d'endroits et que pour être protégée, il fallait alors faire partie d'un groupe ou d'une famille avec lequel cette protection arrivait naturellement. Le fait que ça concerne toute une école la surprenait encore plus.

« Pourquoi ton école était dangereuse, enfin si tu veux bien m'en parler ? Ça doit faire peur, Il n'empêche, pour tous les copains que tu avais là-bas si l'école elle est dangereuse. »

Il parlait de voyage, et ce qui était certain, c'était que Beth n'en avait jamais eu l'occasion. On ne faisait pas voyager les orphelins et il n'y avait que depuis qu'elle était avec Geronimo qu'elle avait eu l'occasion de connaître d'autres pays et encore, ce n'était que parce qu'elle avait déménagé. Elle aimait bien les voyages mais cela coûtait cher et elle ne voulait surtout pas coûter à son père. Et puis, il n'était pas dans la nature de la jeune fille de demander quoi que ce soit. Elle avait plutôt tendance à le laisser décider et à suivre le mouvement. Étant donné que les dispositions qu'il prenait ne lui déplaisaient pas, ce n'était cependant pas un problème.

« Non, c'est tout. Il faut dire de là où je vivais avant, il n'avait pas assez d'argent pour nous faire voyager. Et on n'a pas eu énormément de congés depuis que Papa m'a adoptée. Peut-être qu'il m’emmènera ailleurs plus tard. On verra bien. Il y a un endroit que tu aimerais visiter, toi ? »