Ismaël & Geronimo

La passion et l'amour de Geronimo pour les Créatures Magiques n'avaient aucune limite. Pas même celles du sommeil. Pour eux -comme pour sa petite Elizabeth mais ceci était un tout autre sujet, Geronimo pouvait approfondir encore plus sa dette de sommeil et cela, toujours avec le sourire. D'avantage encore alors quand ça concernait sa famille. C'était en un beau jour de repos, en pleine période scolaire donc sans sa petite Beth à la maison, que le cracmol tenta de faire une grasse matinée comme il adorait en faire : jusqu'à quatorze heures. Mais le téléphone ne semblait guère lui laisser cette possibilité en décidant de sonner à 8 heures du matin. Sa main tatonna maladroitement la table de chevet jusqu'à attraper la raison de son réveil, décollant rapidement ses paupières collées en voyant un "Papa" inscrit sur l'écran de technologie moldue. Vite, le pouce décrocha et le portable se retrouva scotchée à une oreille inquiète : le père Cortazar étant un sorcier, il ne contactait son enfant proche des moldus par son statut de cracmol qu'en cas d'urgence!

Mais le torse relevé soudainement et dans des battements de coeur accélérés put bientôt retomber lourdement dans le lit après avoir entendu la voix claire et tout à fait normale de son père. Tout allait bien. Aussi, la voix du français perdit de son volume et le brun soupira en laissant le vieux Cortazar proche de la retraite lui demander un service : venir l'aider à mettre bas une licorne à Beauxbatons. Sous l'exceptionnelle demande et sûrement la seule chance de sa vie que d'aider à donner naissance à un poulain si pur, le cracmol sauta hors de son lit, s'habilla en quatrième vitesse et sortit de chez lui, plus rapidement que jamais! Le froid matinal claqua bien rapidement ses joues, s'empourprant sous la température mais aussi sous l'effort de sa course jusqu'à la maison de ses parents, située à une centaine de mètres de chez lui. Malgré ça, il ne trouva pas son géniteur chez lui. Mais l'instruction était simple : pour le retrouver, il n'avait qu'à emprunter la cheminée parentale reliée à l'une des cheminées de l'école de magie française! Chose qu'il fit rapidement, balançant avec entrain un "Coucou Maman!" -peut-être dans le vide si elle travaillait déjà- juste avant de disparaitre dans de gigantesques flammes vertes.

Ça faisait si longtemps qu'il n'avait pas parcouru Beaux-Batons. Le regard clair ne put que s'émerveiller sur le chemin qu'il parcourait pourtant à vive allure, laissant ses sens se rappeler des odeurs, des bruits et des visions de son passé, ou devant les redécouvrir si la mémoire était trop effacée. S'il n'avait jamais pu passer ses années collégiennes ici à son grand damn, le statut de Professeur de Soins Aux Créatures Magiques détenu par son père lui avait pourtant ouvert les portes en tant que visiteur puis en tant qu'invité. Le visiteur venait se perdre par là -avec les autorisations accordées par l'Administration- lors de ses années adolescentesques. L'invité, adulte et diplômé, travaillant même au Ministère de la Magie, lui, venait assister son paternel dans certains cours. En général ceux donnés aux 7èmes années contenant des créatures pas des plus simples à présenter. Un assistant était toujours un énorme plus, surtout pour aider dans les dernières révisions avant le diplome final de Beaux-Batons. Avec tout ça, revenir ici, c'était comme une grande bouffée d'air frais, empli de nostalgie. Surtout lorsqu'il s'aperçut ne plus être venu ici après la disparition de sa chère Gaby. Une petite pointe au coeur se fit ressentir sous le constat alors qu'il traversait les grands jardins dignes des plus belles architectures végétales françaises. Heureusement, la silhouette de son père l'interpellant le fit sortir de ses pensées et accélérer le pas jusqu'à le rejoindre. Accueilli par une accolade -rapide mais franche, Geronimo fut rapidement mis au courant de la situation : une des licornes du domaine avait été un peu trop chouchoutée au point ou, outre une grande absence de peur face aux étudiants de l'école, le gros ventre qu'elle présentait n'était pas dû qu'au poulain qu'elle attendait. Un peu trop en bon point, la splendide créature -face a laquelle Geronimo retint son souffle en la découvrant, allongée dans la paille de l'écurie- s'était retrouvée en difficulté et en proie à des grandes douleurs si l'on en croyait ses hennissements impressionnants. Ils sonnaient bien anormaux comparé ceux de toutes les autres créatures proches des chevaux que père et fils avaient aidé à mettre bas. Aussi, après une grande inspiration, Geronimo se mit au travail avec le professeur.

Onze heure sonna et Geronimo s'essuya le front pour chasser la sueur qui y tronait. A la place, il ne fit qu'ajouter une fine couche de liquide brillant dont était recouverts ses mains et avants-bras. Le sourire aux lèvres, identique à celui de son ainé, le cracmol se laissa retomber sur les fesses pour admirer un travail rondement mené. Le poulain était là et la nouvelle mère semblait lentement se remettre de ses émotions. Les deux générations humaines profitèrent du temps calme silencieusement, profitant de la scène si rare à voir.

"Faudra quand même que tu remettes les pendules à l'heure concernant le nourrissage des créatures magiques sauvages du domaine..."

Oui, Geronimo était rabat-joie concernant les créatures magiques. Mais il se trouvait que le père l'était également, approuvant les paroles de son grand enfant.

Après quelques minutes de repos encore, le cracmol se leva, les membres luisant qu'il maintenait loin de ses vêtements pour ne pas les tâcher d'avantage. Un bon coup d'eau serait bénéfique, mais le professeur Cortazar sembla lire dans les pensées du fiston.

"Attends, ne va te les laver! Le sang de licorne est bien précieux et en avoir d'une telle manière est si rare! Je suis sûr que le professeur de potions sera ravi de récupérer ce que tu as sur toi!"

Loin d'être un troll dans la connaissance des potions, Geronimo comprit aussitôt ou son père voulait en venir. Et peut-être aurait-il désobéi s'il ne connaissait pas une grande potion de soin nécessitant un tel ingrédient. Se faisant alors sage, et promettant de faire attention lors de son déplacement jusqu'à la salle de potion indiquée de tête par le vieux Cortazar, Geronimo quitta l'étable pour se diriger à nouveau vers la grande batisse française. Une chance que les cours étaient commencés, il n'eut à croiser personne si ça n'était le concierge qui le connaissait et qui l'avait accueilli quelques heures plus tôt. Demandant reconfirmation pour le chemin, malgré tout la tête en l'air qu'était Geronimo lui fit sauter une porte. Aussi, n'ayant aucunement retenu le nom du professeur, l'étiquette n'attira pas son attention. Sûrement parce que la porte était ouverte, en plus de tout ça.

Sans grande timidité mais non sans politesse, Geronimo passa une tête dans l'encadrement de porte avant de s'avancer, mains et avants bras luisants et maintenus en l'air devant lui, manches retroussées.

"Bonjour ? Je viens de la part du Professeur Cortazar, qui m'a dit que... Ahem, vous aimeriez sûrement récupérer... ceci."

Pas besoin de s'appeler Merlin pour reconnaitre le liquide de vie de licorne dégoulinant le long de ses membres et illuminant même quelques mèches et endroits de son visage. Même pour quelqu'un comme Geronimo et dont la vue était devenue bien médiocre, ne voyant pour l'instant qu'une silhouette au fond de la pièce, assez trouble.

"On vient de... d'aider à mettre bas une licorne du domaine."

Histoire qu'il ne soit pas pris comme un dangereux braconnier et ne se retrouve avec une baguette sur le bout du nez.