ft Finnegan & Alvaro & Ganesh

Mais par la Non-Sainte Morgane, quel Caliméro ce gosse! ... Peut-être tirait-il beaucoup trop du père qui le voyait ainsi, justement, mais la rage le rendait bien trop aveugle pour qu'il ne s'en aperçoive et soit fier d'avoir déteint sur lui, de lui avoir donné un petit morceau de lui, à défaut de partager le même sang. Ça l'agaçait tout autant plus, même! Avec sa tête de gosse maltraité, tellement maltraité qu'il avait eu assez d'argent pour se payer un tatouage! Pourri gâté! Inconscient! Comédien allant se cacher dans les bras du seul père non indigne de la pièce, mais ça encore, Ganesh ne le voyait toujours pas. Tout ce qu'il voyait, était l'homme qu'il aimait être manipulé par des larmes de crocodiles qui osaient rebondire sur la prison... Bon, OK, Ganesh bugua un peu sur le moment, se rappelant où se trouvait les géniteurs du petit en ce moment, se rappelant comment il était devenu parent avec Alvaro... Brève clarté disparue bien vite, engloutie par un égo mal placé et blessé aussi. Mais il avait été faible, et il était persuadé que Finnegan l'avait vu, cette subtile ouverture qui avait fait mouche chez le méchant papa. Tout comme l'adulte lui-même lisait très bien le regard que lui lançait le fils de la maison. Deux purs contraires qui se comprenaient très bien! Quand l'adulte faisait jaillir sa colère pour cacher la tristesse, pour enterrer sa déception, l'enfant, lui, usait de sa tristesse pour cacher sa colère et son jeu mesquin de manipulation.

Le jeu des contraire se poursuivait alors qu'Alvaro tentait tant bien que mal de gérer les deux enfants en pleine guerre émotionnelle.

"Beh oui, bien sûr, mon boursoufflet..." murmura l'indien en se frottant les yeux d'agacement. C'était... Bien la première fois qu'il ressentait un sentiment négatif à l'attention de son fiancé. C'était... étrange. Il n'aimait pas ça. Il détestait ça, même, se sentant perdu, soudainement sans repère alors que pour la première fois de leur vie commune, les deux pères s'opposaient. Destabilisé, le coeur encore plus serré, s'emballant toujours à vive allure, Ganesh avalait difficilement sa salive en observant le portrait de famille dessiné devant eux : celui d'un père et d'un fils. C'était donc ça ? C'était donc ça, être vraiment père ? Parvenir à pardonner, à comprendre la détresse de son adolescent ? Parvenir à gérer sa propre frustration pour faire passer l'enfant et ses émotions en premier ? Pourquoi, lui, n'y arrivait pas ? Pourquoi se sentait-t-il autant à part, autant seul dans cette histoire ? C'était sûrement ce que ça faisait, que d'être la pièce rapportée dans une famille qui partageait une once de sang. Si Ganesh avait cru dur comme fer être capable d'aimer Finnegan comme son enfant, l'impression de ne jamais parvenir à tisser le même lien qu'Alvaro et l'adolescent se fit ressentir pour la première fois à cet instant. C'était ça. Il ne devait pas être possible de l'aimer autant qu'Alvaro aimait Finnegan. Tout comme il était sûrement impossible pour Finnegan d'aimer autant l'intru qu'il était que l'autre Caldera. C'était sûrement pour ça que le Sharma se retrouvait dans un 2V1 totalement déséquilibré.

Le regard du second père -ou plutôt, de l'unique père- termina d'achever la bataille, la partie. Game Over.

"Non, tu comprends pas."

C'était sorti tout seul. Avec toute la déception qui s'était cachée derrière Colère jusqu'à devoir faire face à l'adversaire Alvaro. Face à qui le mage ne pouvait que baisser les armes, ne pouvant plus utiliser le subterfuge émotionnel. Face à lui, il ne le pouvait pas. C'était concret, une interdiction tacite, c'était tout bonnement impossible. Ganesh était faible face à l'homme qu'il chérissait plus que tout, assez pour se sentir démuni de le voir cajoler le coupable qui n'était aucunement victime dans l'histoire! La seule victime, était le tatoumage qui s'était vu privé d'offrir son premier chef d'oeuvre à l'enfant qu'il n'arrivait pas à aimer assez pour le considérer comme son fils. Du moins, s'il en croyait le parfait exemple que représentaient des deux Caldera. Et comment arriver à lui dire que pour l'instant, la colère le rongeait trop pour être raisonnable ? Les mots ne voulaient plus sortir pour tenter de se justifier : Finnegan avait gagné.

"Bonne communication, j'vais me montrer déraisonnable ailleurs alors."

Car ça avait besoin de sortir. Comme en témoignaient ses tatouages coulant de son cou, se mélangeant les uns aux autres sans aucune retenue juste avant de disparaitre tout comme le sorcier, dans un CRAC assourdissant. Réapparaissant dans le second salon de Tatouagie déclaré en Espagne, se mettant à enchainer les sortilèges de destruction sur tout le matériel de la salle en guise d'entrée, faisant fuir la cliente qui se faisait charcuter par son rival des enfers. Parce que... c'était obligé, non ? Finnegan avait été assez fûté pour aller voir le seul second professionnel agréé, formé et diplomé du pays ? Cet abruti-là, qui reconnut sans peine le numéro 1 du pays, ne comprenant pas ce qu'il lui arrivait mais ne se laissant pas pour autant faire, ripostant avec son bois plutôt que de prendre la fuite comme sa cliente. Après tout, ça n'était pas la première fois que les deux se chamaillaient, même si un tout autre degré de rage semblait se dégager cette fois.